Trois fois par jour, Je cherche un semblant de sens, Dans ce merdier qui progresse dans le flou, Mais soit disant ne cesse pas d'avancer, Sans même se demander où, mais qui s'en soucie ?! Tant qu'on est bien installé pour assister au spectacle, Aux funérailles de la raison, Là où abolit, le questionnement n'a plus de sens, Et toutes nos erreurs sont simplement, Liées à, notre incompréhension du monde, Liées à, notre incompréhension des autres, Qu'elle est ? La valeur du questionnement.

Un souvenir, un souvenir, il reste, des souvenirs entremêlés . A ! A l'époque ! A ! C'est notre époque, là où l'humain, n'a plus qu'une place, marginale. C'est notre époque ! A l'époque il n'y avait pas besoin de me payer à la fin du mois, Pour m'extorquer un sourire et me faire lever le matin, Mais le temps à marchander ma servitude, Que je troquerai bien contre un segment parallèle, Loin de leurs dogmes établis ! Mais il faut : marcher de l'avant, Sans se soucier des aléas du temps ! Marcher de l'avant sans se soucier des aléas du temps !

Bienvenue dans le cimetière des vivants, Parqués d'allées en allées, Payant notre emplacement, Dans ce cimetière des vivants, Structures rectilignes et vitreuses, Qui ne reflètent que notre vanité, Je paye le poison qui me permettra de vous quitter, En toute connaissance de cause. Bienvenue dans le cimetière des vivants ! Je vois déjà vos plaques mortuaires, Cachées sous ces linceuls que sont, Ces sites de soi-disant partage, Partage de quoi puisqu'il n'y a plus, de valeur, Même la vie n'est plus valeureuse, c'est un labeur, Que nous partageons tous, plus ou moins, Lorsqu'on se croise dans ces allées, Ces artères de goudron pullulantes, De transporteurs mécaniques, Qui nous amènent dans nos cimetières respectifs ! Pas un regard de compassion, pour tous ces gens s'évertuant, A trouver leur place, à chercher leur place ! Une étrange danse éphémère, tout à fait triviale, même si on préfère la dissimuler derrière, une certaine civilité, une foutue civilité, Pas à pas s'acharner, se débattre pour conserver, Son bien être, s'il fut trouvé. S'échapper du tumulte de la ville, Qui ne nous fait que creuser un précipice, Chaque jour entre nos semblables, Rêvant tous d'être Unique on a cru créer des différences, Mais quelles différences on se les invente, Petit mammifère primate au cerveau gonflé, Mais plus vraiment les pieds sur Terre, Alors je déambule, dans ce coin de béton, qui m'est alloué, Et je fleuris déjà ma tombe de mon vivant, Avant que ce ne soit toi qui le fasse pour moi !

Après la chute demain n'a plus de sens, Si la vie m'a bien appris quelque chose, C'est de ne jamais croire que ça se passera bien, faux espoir, Se préparer au pire et finalement, tomber plus bas qu'imaginé, C'est la chute, c'est la chute, et après qu'y a t-il ? Peut-être que ces années de perdition, Me mèneront à quelque chose de rédempteur, Comme moisir dans une tombe en ne plus pensant, A vos faces qui hantaient mes quotidiens glacés, Oh ! J'aurais voulu communiquer, Avec plus que trois d'entre vous, Mais c'est déjà trop. Je n'emporterais que moi dans ma chute ! Après la chute demain n'a plus de sens, Hier n'est rien d'autre que souffrance, Après la chute plus rien ne semble, Avoir de sens !

Ma rancune à l'égard de ce monde me fait perdre, Toute envie d'y prendre part ! Alors pourquoi continuer, pourquoi, Continuer de ressasser ses erreurs et son passé, Quand un horizon de choix divers s'étend devant nous. Mais pourtant il subsiste, il subsiste la rancune ! Continuer de cultiver, cette rancune et se plonger, Dans l'égoïsme et la, consommation exacerbée, Ne m'aident pas à jouir, d'un présent accéléré, Sans cesse par la technique, Le buzz par l'image, le contrôle par l'image, Comment accepter d'être un outil interchangeable, Et de courber l'échine ! Ma rancune à l'égard de ce monde m'a fait m'y perdre. Seule subsiste la rancune.

Le renouveau est comme l'amour, Il est illusoire et ne dure qu'un temps, Puis submergé par les habitudes, Il se fond et disparaît dans le commun, Alors que reste-t-il de nouveau, Quand tout à déjà été dit, Que le prévisible prédomine, Et que le silence est préférable ? Le renouveau brise alors, ce cercle, Et éphémères changements, s'affairent, A créer une nouvelle routine, Autre, mais finalement tellement semblable.

Je regarde par la fenêtre, quelques flocons tombent, Je suis des yeux leur parcours éphémère, En les regrettant dès leur départ, Une fuite légère les attend, un parcours lointain, Comme métaphore de nos liens qui se créent longuement, Et s'évaporent en un rien. Une échappée pour essayer d'oublier, Mais finalement cela revient, un cercle de va et vient. Sans cesse oublier pour ne plus souffrir, mais c'est mensonge, Refoulée ou éperdue la fuite n'a pas d'impact, Elle te retarde mais ne soigne et ne sauve pas. Profiter des instants simples est devenu tellement complexe, Comment s'ouvrir aux autres quand on est cloîtré soi-même ? Obligé d'agresser pour se sentir vu, quelle futilité ! A force de jouer sur l'image vous vous êtes égarés, C'est encore une fuite, un refus de voir la moindre goutte d'espoir, Pourtant si simplement acquise, Un sourire, une main tendue, un soupir, me suffit, me suffit. Puis survient la fuite.